Tu vois, tu entres dans les ruines de la démocratie, un film de guerre sentimental, sapins et papillons à noël s’élèvent dans les cales, serpents électrisés de tristesse, chaos raide, silence sous cloche, paroles qui se rappellent parler, le passé pantelant passe-muraille, l’histoire n’apporte que réponses folles à ses sujets. Sortant tu suis les instructions et bâtis les remparts d’une forteresse vide au cœur de laquelle vocifèrent déjà les héritiers. Tu erres quelque part avec tes semblables, pas seulement sous l’invisible surveillance de masse, car surtout tu dois vouloir obéir. Tu enroules les tapis rouges aux broderies charmantes d’un autre grand jour. Attends que rien ne se passe, reste ainsi, au repos la terre immémoriale, crevée, recroquevillée en son centre, la mémoire veut oublier, la conscience s’animaliser, dénouer doucement, distinguer, séparer la logique et le sens, fendre l’air.
Catégorie : JOURNAL D’IMAGES
évasion au manège
sans la corde, plus légers, le froid plus net. brouhaha, il aurait fallu être plus loin pour que naisse un prélude. starting-block à la renverse, des nids de poule les têtes émergent, des pièges à la cheville on s’habitue à tout, aux verticales de guingois, à coucher en meurtrières aménagées parc fortifié. mise au vert, l’attente du soleil traîne une bonne aumône, peut-être du dessert, bandelettes salivées, un ruban bleu tortille entre les explosions, perce à l’horizon, mansuétude des robots visionnaires.
lumière du zoo

Aux yeux offerts la cérémonie introduit dans l’image les acteurs de chaire et d’os époux modèles que la cérémonie célèbre. La main sur l’icône court sur notre cou. La grotte est mise à ciel ouvert. Les haines sont terrassées. Les meurtriers purifiés parlent dans la gueule des chiens. Ils sont heureux. Rédemption, clémence promises à tous. La décapotable est une mangeoire sous l’arbre de Noël.
L’adaptation des hommes aux rapports et aux processus sociaux, laquelle constitue l’histoire et sans laquelle il leur aurait été difficile de continuer à exister, s’est sédimentée en eux de telle sorte et à un point tel que la possibilité d’y échapper sans d’insupportables conflits pulsionnels, ne serait-ce qu’à l’intérieur de la conscience, se rétrécit comme une peau de chagrin. Triomphe de l’intégration, ils s’identifient jusque dans leurs comportements les plus intimes à ce qui leur arrive. En un pied de nez railleur à l’espoir de la philosophie, sujet et objet se trouvent réconciliés. Ce processus se nourrit du fait que les hommes doivent aussi leur vie à ce qui leur est infligé.
Theodor W. Adorno. Société: Intégration, Désintégration, Paris, Payot, 2011, p. 33
pierres
Ce sont des pierres de montagne en bloc, en poudre, transportées jours et nuits, élevées suspendues balançant aux plans, aux fenêtres vue sur cour. Vie & Avenir découpés au-dessus des tunnels, surexposés au ciel. Des autoroutes s’allongent, chauds humides, des particules noires, des zones urbaines se mangent, des no man’s land de récupération pour lisière. Des paysages, des gens viennent et partent. Visage à la fenêtre, muet dans l’air, vitrines de nos esprits et le doux murmure de l’aigle sans ailes. Ouvrir au matin les fenêtres au ciel avant que les images et les objets ne l’épuisent. Les vagues sur le vide pénètrent sous la porte.
Les culs-de-basse-fosse tanguaient de l’autre coté vers la mer. Des sirènes étouffaient leur rires derrière l’échos, le sable, les pierres leur grain sous la neige, leur oxygène d’eau, le ciel en leur éclat fendu, le vent endormi dans le repli des ombres. Par jour de grand froid et verglas, par poignées d’en haut tombaient des braises brûlantes. Avant de s’endormir la sentinelle balayait du regard la forêt où s’engouffrait la nuit. L’ennui rongeait la vieillesse de nos maîtres.
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dormir debout
Déambuler aux aurores boréales mortes, mission d’agrandir la nuit, collecter de cosmiques tessons zéro de l’infini sur la pleine lune qui pleure sa sève.
L’envers l’endroit pliés, la tranche d’un temps continu, le fil rompu, têtard célibataire rejeté sur la berge. immobilisé, plaqué au mur sur le trottoir du tunnel, l’horloge derrière soi. la terre, notre cœur bleu s’abandonne, loin l’horizon qui alors t’échappait, désormais seul tu fonces dans l’air minéral, mais étais-tu vraiment seul ? chacun te serre, une poignée de milliards d’hommes en ronde, les yeux levés les yeux sur les écrans, le silence, pas le calme, la rue noire de nuit, de monde, c’est le rêve, enfin bon… et tu criais (peut-être craignais-tu les fantômes ) « vive le lumpenprolétariat ! »
Sortie d’une sieste sous luminothérapie, son pyjama ouvert, l’aïeule et blanche dentelière est sans voix, l’apothicaire lapin de jade aluni par son double reçoit sa médaille et s’évanouit, les oiseaux de Schrödinger déplacent d’un cil le silence, mais avant nous plongeâmes, poisson retournés à si grande vitesse que nous ne pouvions plus réfléchir, juste suivre les failles entre les éclats des miroirs brisés, otages de nos histoires à dormir debout





