Campagne / 1

 

La ville appelle à l’inaction, son activité largement distrait. La campagne meurt sous l’inaction, il la faut méditer, tu refermes la fenêtre quand le froid est plus froid, quand le chaud est trop chaud, ni dedans ni dehors, rien ne peut être trouvé, mais au sol, face à face la grenouille, en échange d’insectes de limaces d’escargots et vers de terre, distance et territoire plantés, côtoiement dans un espace limite et sien là où elle insaisissable reine colle sur toi ses yeux.

Après des jours de ciels comateux ou orageux, parmi l’éparpillement certaines obsessions fixes rendent les armes, le ciel haut du jour est à photographier, clair, venteux, vide.

Toujours un bruit brise le magma sonore de la ville. Recommencer, reprendre, élargir la séquence, chercher les trous d’air, le flux continu. L’enveloppe sonore n’est pas une enveloppe, ni le murmure intérieur.

Le soir est tombé et tous les habitants ont déserté leur maison. Où sont-ils? Personne ne sait s’il y a longtemps.

Juste après la pluie, avec un temps d’avance elle sourit, sous l’entassement coule un lent filet de sable.

 

Champignons de mémoire

 

Les secrets, l’eau les oublie. Comme on aime se rappeler soudain les choses oubliées, on creuse à l’ombre les rives où raconter, une multitude d’horizons se superposent et la pensée déraille en souvenirs. La superstition pimente la vie. On ressort les tapis de lecture, l’intérieur d’une maison, la vue d’un trou dans la façade, de l’autre coté de la paroi le voyage prend fin.

La mémoire de l’eau est celle qui nous en reste, la partie noyée du chemin fait barrage.

La maison où tu vivais était chargée de ta mémoire au point qu’il n’y avait plus de place en toi pour voir quelle mémoire, collée à toi, comme la figure d’un corps entraperçu, elle te pompait quand bien même c’était entièrement tari. La mémoire partout, de telle façon qu’on y est plus, remplie de place pour les absents. À peine éloigné qu’on y revient.

 

s’évader

 

Une ligne horizontale suspendue au ciel, tendue aux extrémités par quelque chose qu’on ne voit pas ou sans savoir si c’est invisible, ou encore la ligne étirée où se perdre, vie immobilisée suspendue là au territoire rêvé et bancal. Clairement certains jours le jour raccourcissait, on voyait à midi les portes derrière le visiteur se refermer violemment et sans bruit, et le veilleur s’enfuir.

la grande affaire

 

« Cette affaire qui est chez tous la grande affaire, affaiblit et hâte naturellement l’évolution qui mène à la mort »  T. Bernhard, Oui, Gal. 

 

le printemps ?

 

 

Difficile à comprendre ce que sont les flots prisonniers des calanques, la houle bruyante, alors qu’à l’horizon la mer éternelle tout en disparaissant. Des mots venus simplement de regarder s’évaporent à leurs images sans voix sans voir brassés aux flots des calanques qui y mettent fin.

Le soleil, blanc, sans chauffer, les oiseaux qui chantent en dormant, la source sous l’arbuste déplumé goutte à goutte dans la rivière, tombent les cercles sonores, le printemps ?

avant de dormir – II

 

Les voix dans le rêve sont polyphoniques, paysage action objets temps indissociablement s’accordent. Parce que les dimensions diverses sont une seule et unies le rêve est vrai, à l’égal des éléments diurnes qui se succèdent matériellement l’un l’autre et se pulvérisent. Sans envers ni endroit, au fil du rêve, à peine le temps de s’étonner, l’image immédiate venue, faire la lumière sur cette étrange histoire colorée, aller vivre ailleurs. Le doute ? Pas d’arrêt ni retour puisque derrière le paysage a changé ou sinon l’insomnie.