freebase du printemps

« La vie est une pure, très claire, très sombre, cristalline absence d’espoir »  

Thomas Bernhard, Gel. p. 295

Yama Bato

Florence Henri. Grèce, d'une gloire qui n'est plus. 1930-1931

qui ne s’arrête en aucun lieu

Ok, l’homme serait un petit animal raisonnable aimant à croire que sa vie se rattraperait dans un poème à l’eau de rose. Avançant ou reculant, le cercle et lui tournant asynchrone, du sentiment d’être rendu au milieu du chemin, côte à côte avec robot hilare, alors que l’esprit quitte le corps. Aux généreuses lisières et transferts d’attributs, l’âme-sœur s’élève sous des traits machiniques, son ombre découpée aux contours lumineux. Petit christ à tenir ses promesses sur le champ, et l’enfer de nos nuits.

L’histoire, par laquelle les images s’élèvent, l’air du temps présent, la raison des croyances, celle qui d’emblée se donnait à comprendre, l’information qui manquait, reconnue fermement par le grand nombre, celle avec des traversées béantes en son centre, des périphéries attrapées, une histoire, un pas dedans qui, d’espoir, conduirait à d’autres histoires, hors péripétie, tellement, celles qui sauveraient, celles qui existaient déjà ailleurs, simultanément. On s’en raconte, ce doit être vrai, mais pas encore ici le bon embranchement. Continuer alors sans issue, sinon s’en retournant, en retranchant. À un certain point s’immobiliser, les racines ayant pris dans le mur.

Turfan-Expedition 1902-1914 Aufnahmeort- Xinjiang, Chine (Land)

s’en aller

Les conseils d’administration n’ont jamais pris ces routes des mortes colonies; plutôt que de les prendre, s’il le fallait un jour, s’il le fallait vraiment, ils les survoleraient, plutôt, au-dessus d’une pluie de bombes. Effacer une dernière fois. Sur la carlingue du ciel sont peintes les âmes animales. Les fleuves serpentent, noircissent les signes, noient les étoiles. La vitesse creuse, elle laisse derrière soi une distance nuageuse, un nuage de vertige. Nos rêves anciens de pierre d’impossible abandon.

8. Novembre 2011 II par Filterkaffee

___________ #8

Birds at Baran, 16th century

« aucun oiseau ne chante dans un buisson de questions »

(Lichen, lichen. Antoine Emaz, p 41, éd. Réhauts)

dormir debout

James Irwin - David Scott , Apollo 15, Août 1971. delta de Hadley, à 10,5 miles du pied de la chaîne des Apennins en arrière-plan.

Déambuler aux aurores boréales mortes, mission d’agrandir la nuit, collecter de cosmiques tessons zéro de l’infini sur la pleine lune qui pleure sa sève.

L’envers l’endroit pliés, la tranche d’un temps continu, le fil rompu, têtard célibataire rejeté sur la berge. immobilisé, plaqué au mur sur le trottoir du tunnel, l’horloge derrière soi. la terre, notre cœur bleu s’abandonne, loin l’horizon qui alors t’échappait, désormais seul tu fonces dans l’air minéral, mais étais-tu vraiment seul ? chacun te serre, une poignée de milliards d’hommes en ronde, les yeux levés les yeux sur les écrans, le silence, pas le calme, la rue noire de nuit, de monde, c’est le rêve, enfin bon… et tu criais (peut-être craignais-tu les fantômes ) « vive le lumpenprolétariat ! »

Sortie d’une sieste sous luminothérapie, son pyjama ouvert, l’aïeule et blanche dentelière est sans voix, l’apothicaire lapin de jade aluni par son double reçoit sa médaille et  s’évanouit, les oiseaux de Schrödinger déplacent d’un cil le silence, mais avant nous plongeâmes, poisson retournés à si grande vitesse que nous ne pouvions plus réfléchir, juste suivre les failles entre les éclats des miroirs brisés, otages de nos histoires à dormir debout

purgatoire

Claudine Doury - Loulan Beauty 2l’enfance revenait héroïque, l’île déserte que nous découvrions est un champ de ruines