travaux des jours

dans ce trou qui s’étend, chaque jour creuser latéralement, amonceler jusqu’à la nuit tombée, sortir la tête. dessous, des pyramides friables asphyxiées s’enfoncent, des pyramides ensevelies, des galeries improbables, linceul bleu raie d’absorption. des cavées entre elles, des échelles qui tombent.

en haut, sans voir personne à ses bords, la règle serait que le ciel s’ouvre, au-dessus du trou élargi chaque jour que dieu fait, voir le ciel s’ouvrir, de plus en plus haut, sans bord. on pourrait croire d’ici, qu’existe un trou dans l’air, que d’autres élus, les invisibles, s’emploieraient à creuser. affaissement où s’élargit la bouche, les appels, les mots échappés, inaudibles ; la syntaxe se troue, redescendre dormir. 

Kimmo Savolainen

d’avenir perdu

je suis né dos à une longue chaîne de montagne qu’une couverture permanente de nuages dissimulait. un monde préfiguré, l’avenir élargi, se tenaient derrière une quelconque porte secrète que la vie qui t’est donnée te désigne de forcer, les enfants sucent des pierres de lune, le soleil s’allonge et se repose au matin. ce mur disparu un jour sans le vouloir, à force de s’en être éloigné, et les mots qui le remplace n’aperçoivent derrière qu’une autre longue chaîne de montagne où la nuit éternelle couvre ses sommets. on se promène en se demandant parfois où on va, d’autres fois plus, car on est perdu

nuagier des navigations verticales

hauteurs sous verreComme de toute sa hauteur, dégringoler. Échelle qui ne tient qu’à un fil. En regardant le ciel il apparaît que nous tournons sur nous-mêmes, enveloppés, légers au milieu des ombres qui nous dépassent, des maisons en ruine, des ravines. La terre, le sable, les pierres, l’arbre où nous sommes couchés, la masse d’une baleine où l’on dort. Levés, des poussières volent dans la lumière, un courant d’air, les lianes disparaissent. Les enfants précèdent les ancêtres. L’étendue recule à chaque pas. Le chaos dort sur le vent, le chaos pulvérise le vent. Le lit de la rivière est asséché piqué d’herbes folles dressées, son poids creuse la nuit. Quand coula la rivière, sa berge désormais sans limite. Des lucioles tapies telles des émetteurs sombres. Les cycles changent en nature. Livres, pages qui se tournent toutes seules, illusions consolatrices. L’été tète le végétal.

robe soutane bure & lampe éternelle

fando and LisAinsi pourquoi j’ai pu vivre des années dans le canton de Glaris (mais d’abord in fine of course — uniquement, ses montagnes) :

lampe éternelle

abat jour poisson zèbre

Real-Time Visualization of Neuronal Activity during Perception

la science pas en reste d’invention à serrer son rêve en son ancestral cœur, l’abat-jour. La nuit de nos origines est parcourue d’illuminations brûlantes et glacées sans temps ni espace qui creusent le règne des concordances non-linéaires. La vie et la mort qui s’éloignent l’une de l’autre est providentielle, le papillon de nuit frôle mes cils, un géant disparaît en tombant.

broc’ clémente

The pouvoir des tornades, Mapleton, Iowa. (by Timothy Wright) (© Smithsonian.com)

Clémence du ciel pour les châteaux de sable, la décantation des prières, les boîtes de conserve éventrées & canettes gueule de bois à l’effigie de Gaudi, la barque chahutée des ex-voto, les écharpes mouillées sur les herbes coupantes, les aurores boréales sur des carlingues en rade, l’amont des collines aux milles serpents d’eau, les chapiteaux et gondoles, les cours de récréations sur des terrasses liquides, les coquilles Saint-Jacques aplaties, les sangliers aériens, les ocres jaunes de remorque dégrisée, les temps de pause grippés, le poison de l’éternité, les roulements dévastés des skates, l’avachissement du rock’n’ roll, les petits matins sur le billard, les overdoses de botox et le brushing de la momie, les visions-éclair des aveugles, l’errance de la syntaxe, la langue et les vagues à sec, les trous d’eau, les déserts les marées-basses, les aires d’atterrissage des pigeons.

Crows - Nicholas Roerich  Crows - Nicholas Roerich, c.1905

Steve Roden – Airria (hanging garden) second version