Juste avant d’ouvrir cette archive c’était des scènes projetées où on retrouvait les joies simples, c’est l’été, photos et films muets de la lignée familiale projetés dans un auditorium sphérique avant la nuit noire où le spectateur assis dans le moignon d’un bras télescopique guide son déplacement dans l’espace acoustique des chants d’oiseau, musique qui fend le coeur.
À ces joies reçues, partagées à titre posthume, manquait l’unique présence du silence et les voix. Elles rendaient mélancoliques et la mémoire pathétique se débattait cloîtrée derrière une vitre. Les dernières archives cinématographiques montraient des ruines de rues et maisons mêlées, des circuits de refuges à refuges, des déplacements nocturnes. Fallait-il brûler les archives?
