De la lumière aveuglante de la plage à midi les silhouettes de promeneurs dispersés, la course des chiens ivres de vent, les éclats de voix, le roulis, les figurines fugaces bordées débordées, couchées sur le rivage, somnambules, peuple du dortoir des rêves.
Les arrêts sur image dans le ciel entrent dans le ciel. on courre dans les vaisseaux. la mer est le ventre de la terre, du ciel y luit la nuit.
Plus loin on arrive quelque part, la place est large. les trois-quarts des maisons vides. une vieille dame au crépuscule nourrit les chats. un homme, toujours un autre d’autres époques, apparaît épisodiquement derrière une fenêtre, les yeux collés sur un passant d’occasion.
Par le village, dit le guide, vous entrez dans l’histoire. Au-dessus dans les champs, quelqu’un préférant ne rien savoir avec yeux fermés entre dans le paysage.
Est-ce la fenêtre ouverte qui bat au vent dans la maison vide ?
difficile de l’entendre la vieille dame qui dit, le garage est une bâtisse de plusieurs siècles sous laquelle tu vas garer ta voiture. c’est une vieille maison tout ça, dit-elle, ne trouvant plus les clefs pour y entrer.
Tu habites un lieu aussi loin que tu peux le parcourir les yeux fermés. sur le chemin celui que tu vois te dépasser, courbé, de profil, plonge dans la poussière, tranche ton élan à lui porter secours.
La maison pour l’adopter demande à superposer et à croiser ses pas par milliers. le temps doit redevenir ce don du voyage qui le défait. l’automatisme d’un corps et d’une tête ailleurs finissent par se rejoindre. la maison devient habitée.
Catégorie : LIEUX
l’éventail de deux
Celles qu’il croyait avoir choisies avaient été ses âmes sœurs, les cœurs doubles se séparent.
Il reste étrange que deux âmes sœurs se trouvent vivre chacune dans deux époques et sous deux latitudes au même moment, privées à jamais de se rencontrer.

durées
Les objets si vieux, si lointains, les objets immobiles d’autrefois longtemps perdus de vue, avaient vieilli encore, lentement; maintenant ils semblaient si proches qu’ils collaient à l’air comme de la poussière, prenant toute la pièce. Car le corps avait vieilli plus vite que les objets endormis sur eux-mêmes, annulant l’avenir. Il resta supporter le silence et trouva l’élan pour sortir respirer au soleil. le regard chercha plus loin là où se reposer, sans y parvenir.
Une aire fantomale entoure nos rôles. Vie que les petites choses transportent lors de pauses interminables.
La place vacante laissée par l’être cher disparu s’est encombrée d’un corps, sans fonction, creusant un petit abîme. Les peurs changent de visage, chacun parmi les vivants s’efforce en vain, rien n’apprend. Marcher sur une rive parallèle, balayer les traces dans l’air. Rêvé: quelque part entre la forêt et la mer, une rue où l’unique maison n’existe désormais plus. Puis debout un corps dont le tronc est orné de plusieurs têtes, grande préoccupation, comment le coucher ?
masse atomique
Le sol jonché de vieux chemins partiellement effacés, fausses pistes, chemins malencontreux se recouvrant les uns les autres de telle sorte qu’on appelle ce sol une escalade, montagne de laquelle du regard on domine l’horizon où on se jetterait de tout son long rien que pour le franchir.
Nous ne cherchons rien, nous discutons derrière les murs du silence de l’esprit, nous avons de la place, nous répliquons à l’échos, seul nous discutons, nous ne cherchons rien.
Tout est la même chose, l’Un, le début, ce dont on s’éloigne divisé. Le reste, un fond sans limite sur lequel les mouvements sont ceux d’un dormeur que le milieu métamorphose.
L’horizon départage ciel et terre, sans être ni l’un ni l’autre, n’existe que dans le regard. Vide, essaim de centres éclairs entre chutes verticales.
Plan du présent
Chacun est libre, son jardin qu’il délaisse, chasseur cueilleur à la forêt rendu. D’abord la vue, on y voit un fleuve, des ruisseaux, où construire des parcs, tracer des jardins, et à la place restante une longue et large allée qui sinue afin d’éloigner les maisons.
On pourrait tenter de reconstruire en partant de ce qui était au début, avant qu’il y ait des maisons, d’être pris en miettes. On pourrait penser que l’inventivité et le plan de la vie augmente les chances de l’improbable. Que la vie mange les origines et est mangée par elle. Qu’elle détruit à mesure pour accueillir et étendre le plan du présent.
SANS SUITE 35
S’ennuyer, épuisé dans ce coin trop vaste, s’obséder à découvrir autre chose, au-dessus d’une toupie dessinant des sortes de ∞ à la croisée d’un trou.
Se pencher, toucher le centre, le disperser. Le seul centre du cercle est celui que tu traces ; puis tu le troues, afin d’en sortir.
Au fond du gouffre la lumière tombait sur une mer de vase étale parfaitement immobile.
Événements du jour, les fleurs poussent dans le torrent, les planeurs s’écrasent, l’architecte construit des ruines.
Pas la moindre brise, sur l’étang parfaitement plat sa barque s’est pourtant fracassée contre un rocher, à quoi tient le destin ?




