Du temps passé, à aujourd’hui, du temps passé et d’un quidam arrivé là, au temps restant, à, où, aujourd’hui quoi ? quelle taille a ce jour ? Par bonheur pas de barrage sur la rivière, l’espace se rit de ce monde, tu enjambes le lit. Tu fais des souhaits, égal oui c’est un peu tard. D’un temps reculé reviendraient des lieux vierges, aux frontières intérieures volatiles, à la bonne fortune du jour d’un village étendu, le murmure conservé de vieux gardiens-jardiniers et de mères-jardinières, des imaginatifs, des contemplatifs, des fatigués, des fuyards – apparaissant sous les pluies, les inondations, creusant le sable jusqu’à la roche dont la brûlure solaire garde le corps, ouvre des galeries — s’enfonçant dans des forêts sombres qui se referment sur les passages, des clairières bâclées d’ouragan, des précipices, des… — tu cherches à tâtons les sentiers mille fois entretenus mille fois dissimulés par d’autres qui bifurquent, par chance tu trouves une grotte, le secours d’un sommeil profond. Sans savoir tu reviens, tu enjambes les exodes rabattus des morts animales humaines minérales végétales qui jonchent la frontière devenue inutile. Sous d’autres cieux à peine plus éloignés tu badgeais fidèle à ton poste d’animateur du parc; toutes sortes d’oiseaux aux chants plus doux que l’art, de coupoles magnétiques et musicales, de poètes assermentés, de restaurants d’antan, accueillaient les familles.
Tu disposais des plages de mousses rouge, dépliais dans le noir les fausses chronologies, fabriquais les secrets qui éclairent le cours incompréhensible des jours, évoquais « la grande campagne ; Tuez les moineaux » fatale à trente millions de Chinois, les remords les jeûnes et les méditations de Mao Tse Toung instruit par son hôte de la mécanique des fluides, du principe de Bernoulli, contemporain de Bach, des vertus du baijiu et de la chouette de Minerve, de Jacques Tati sorti droit du melon de Bouvard et Pécuchet.
Tu restais plusieurs mois rejoignant au soir le fond de ta grotte jusqu’à ce qu’arrive le bus de l’hiver boréal.
Aveuglante, la voie du bonheur sur l’aile d’Archimède entraîne d’insaisissables rondes, un grain de sable enveloppe les dunes et tangue aux profuses sirènes des monts hydrothermaux, des vestiges déplacent les endormies par les portes entrebâillées des silences d’hypnose — aux rires des bonimenteurs, réveillée dans le miroir et la mer en dessous, le rose, le bleu le rouge les tours les lèvres — les envies pressantes les demi-dieux l’avenue la voiture le pétrole et l’acier des puits aux plateformes d’extraction, une alliance, la peau chaude au vent où il veut, qui en efface la trace.
Tout va bien, on chante, les grands espaces enjambent chaque jour que dieu fait les digues enfantines, les fastes surplombent la nuit, l’immortalité danse dans le palais de Qin Shi Huangdi, tout va bien, quoique ses milliers de soldats massifs soient bien silencieux, inoffensifs sans doute, mais imprévisibles. Il y a quelques heures une partie de la voûte du tunnel de Sasago s’est effondrée aux abords du mont Fuji. La pression monte dans la chambre magmatique, les appels aux soldats endormis des versants sont bien inutiles.
Art du spectacle, camouflage, camarades, l’illusion s’y console d’avoir des questions sans réponse. Les enfants courent, nous aimons faire des galipettes. Même les arbres réconfortent de voler comme des palmiers, les hélices de l’avion tissent une onde de silence pendant qu’on fume mains dans les poches