en quelque endroit inconnu et hors du monde

« c’est comme ça que les ruisseaux, les torrents, les fleuves se forment… je me disais avec émotion. Des masses d’eau qui gonflent petit à petit et attirent et puis englobent avec la force croissante de leur avancée d’autres masses d’eau plus petites qui descendent le long de la montagne abrupte, alors que d’autres se perdent, ça et là, sans avoir eu la force de se transformer en ruisseaux, en torrents, en fleuves. Des ruisselets identiques en apparence, qui se sont formés comme ça, en quelque endroit inconnu et hors du monde, là où personne ne peut les voir, et qui sortent ensuite lorsqu’ils sont déjà gros, impétueux, creusant leur lit dans les gorges des montagnes, dans les vallées et puis dans les grandes plaines, et personne ne peut plus les arrêter… »

Antonio Moresco, La petite lumière, p 57. Col. « Terra d’altri », éd. Verdier

de cette foutue manie d’espérer

Nous possédions en cet enfer les jours et les nuits. Nous étions des jours de faim et des nuits d’insomnie. Nous n’étions souvent que cela. Alors ceux qui nous quittaient attentaient à leurs jours et à leurs nuits. Ils n’entretenaient aucune abjecte illusion. Ou alors, ce qui les menait jusqu’au suicide était justement le poison des illusions. Je compris que la dignité, c’était aussi de cesser tout commerce avec l’espoir. Pour s’en sortir, il ne fallait plus rien espérer. Cette conviction avait l’avantage de ne pas appartenir à ceux qui nous avaient jetés là. Elle ne dépendait pas de leur stratégie mais uniquement de notre volonté : refuser de dépendre de cette foutue manie d’espérer.

L’espoir avait tout d’une négation. Comment faire croire à ces hommes abandonnés de tous que ce trou n’était qu’une parenthèse dans leur vie, qu’ils allaient juste subir une épreuve et ensuite en sortir grandis et meilleurs ? l’espoir était un mensonge avec les vertus d’un calmant. Pour le dépasser, il fallait se préparer quotidiennement au pire. Ceux qui ne l’avaient pas compris sombraient dans un désespoir violent et en mouraient.

(Tahar Ben Jelloun, Cette aveuglante absence de lumière. Ed. Points Seuil)

bienheureux Mimoun O’Kacha 13

Benjamin Rassat,  « La légende d’Alain Mimoun »

(version intégrale 60mn – 2010)

bleue

si nous n’avions ni pieds ni mains, bref si nous n’étions qu’un oeil, voire simple ligne ou point de l’ombre saltimbanque du petit Poucet, nous pourrions croire pourquoi pas que sous les feuilles mortes nage une poudre liquide, bleue 

study of sky and trees.  john constable


Miroslav Tichý

Je n’existe pas ! Je suis un instrument. Un instrument de perception peut-être. Je ne crois en rien, ni en personne, même pas en moi-même. 

Coïncidence, Miroslav Tichý, mort il y a aujourd’hui tout juste deux ans

Miroslav Tichy – « Tarzan Retired »  et sur ARTE, Miroslav Tichy

 

bouche de Cléopâtre

plan monde

allongé sur la crête, tête relevée, bras ouverts, ligne de flottaison étendue, un lent murmure ordonnance l’assaut