l’enfance revenait héroïque, l’île déserte que nous découvrions est un champ de ruines
Catégorie : JOURNAL D’IMAGES
zones blanches
sur les cartes les zones blanches gagnaient. nous devions passer chaque matin au levé dans la chambre noire, plonger dans un bain et remonter parmi des éclats de lumière éparses qui dans nos yeux à l’air libre dansaient un moment puis s’éteignaient, laissant légèrement abruti, étrangement encombré froissé d’une transparence mal ajustée. c’était la façon que nous avions de passer à travers la poussière de vents gris qui traversait les rues, de sortir de chez nous, passer les checkpoints et voir si le soleil. le temps devenait ce qui restait, pour autant n’en étant pas plus court. à bien chercher, l’ennui était à découvert, hôte nu sur le banc. tu apprenais à agrandir l’angle par lequel l’espace te parvenait, à tes pieds jusqu’au lointain le plus flou. les limites des choses qui arrivaient se multipliaient, alors tu t’allongeais, tranquillisé.
quel jour on est ?
Saul Leiter, 1923-2013
J’ai un grand respect pour le désordre, le jugement le plus sérieux que je peux avoir sur mon travail, c’est qu’il est inachevé et c’est l’inachevé qui m’attire.
J’ai toujours pensé que je voudrais simplement être oublié et disparaître de la vue. J’ai passé une grande partie de ma vie en étant ignoré. J’en étais très heureux. Être ignoré est un grand privilège. C’est ainsi que j’ai appris à voir ce que d’autres ne voient pas et à réagir à des situations différemment. J’ai simplement regardé le monde, pas vraiment prêt à tout, mais en flânant.
Quand j’écoute Vivaldi ou de la musique japonaise ou que je fais des spaghettis à 3 heures du matin en me rendant compte n’avoir pas la sauce appropriée, la gloire est d’aucune utilité.
Pour construire une carrière et réussir, il faut de l’ambition. Je préfère de beaucoup boire du café, écouter de la musique ou faire de la peinture quand j’en ai envie.
Je dois admettre que je ne suis pas un membre de l’école de la laideur. J’ai un grand respect pour certaines notions de beauté, même si pour certains, c’est une idée ancienne. Certains photographes pensent que, en prenant des photos de la misère humaine, ils se penchent sur un problème grave. Je ne pense pas que la misère est plus profonde que le bonheur (…) Voir est une entreprise négligée
Je n’ai pas de philosophie. J’ai un appareil photo. Je regarde dans le viseur et je prends des photos. Elles sont des fragments de possibilités infinies (…) Il me semble que des choses mystérieuses peuvent prendre place dans des lieux familiers (…) Il est fort possible que mon travail représente une recherche de la beauté dans les endroits les plus prosaïques et ordinaires.
Une touche de confusion est un ingrédient souhaitable. J’aime quand on n’est pas certain de ce que l’on voit. Nous ne savons pas pourquoi le photographe a pris une telle image. Si nous regardons et regardons encore, nous commençons à voir et nous retrouvons avec le plaisir de l’incertitude (…) ce n’est pas où cela est, ou ce qui se passe, mais comment vous le voyez.
Je suis un photographe à reculons
En réalité, je n’avais pas été préparé à vivre par moi-même dans ce monde
le miroir n’est pas mon meilleur ami
zone de perturbations
collecteurs de temps
nous suspendons le temps, nos yeux aimantent, le rêve est mis en terre, nous buvons les remous fluides argentés des rives, le lait des brouillards, nous nous allégeons du fardeau, nous ouvrons les murs du grenier, nous allumons des feux sur la glace, nous offrons la lumière, la chaleur, un ciel crépitant, un raccourci, une issue à la nuit.
















