avant de dormir

 

Après tout, cette ultime défense du corps fatigué, pas encore résigné, cette amorce de réponse molle, cette manie à ramener au devant de la scène de se tenir prêt à tout instant à l’illumination, mais un peu auparavant d’autres essais afin de reculer la chute, par exemple se figer, concentré dans un espace strictement réduit à articuler dans une lenteur absolue un ensemble de postures méditatives. Poussée dilettante, désir parcimonieux de se brancher à des ondes émotionnelles égales à zéro, et de prolonger au-delà vers où les choses infimes gagnent leur place, l’espace sans obstacle.

ici et là

D’attendre ici à force d’ennui j’attends, après avoir escaladé une dépression, là-bas, puis je reviens ici, tout change si vite

retour au bercail

enferme-dehors
de l’intériorité.
la-fleche-du-temps
la flèche du temps.
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sans parvenir à disparaître.

 

déménagement 2 – en chantier

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voilà c’est déménagé, on en est à démonter le temps, s’arrêter à regarder l’intérieur, à descendre, remonter, tout cela est un peu brouillon. Rafistoler à temps perdu la cabane pour mieux s’absenter, mais d’ailleurs où sont les valises ?

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nouer l’oubli

Chaque matin c’est un autre que soi rassemblé dans ce corps. La trace légère des corps anciens cumulés y prend sa place vague, une poussière flotte dans un oeil de jade. Des matins difficiles à prendre conscience passent, et là debout bien avant le jour, un message m’ayant pressé d’écrire, décidé à faire quelques pas dans le jardin, la grande gueule de la mer soufflant à l’horizon, la nuit en suspens. Rattrapé par la journée d’hier qui n’était pas finie, et ses ombres errantes creusant la nuit, la coupe blanche des rêves qui la renouvelle renversée, vide. Cruelle pensée alors qu’une vie entière soit une seule et même inlassable journée, fenêtre dans le cachot du monde.

masao yamamoto

fosse de verre

Temps libre confiné aux zoos, aux musées, parcs d’attractions & à thèmes, cirques, à la télévision. À table à l’ombre du parasol, basse-cour d’enfance, la journée qui passe, reconversion sans âge, flèche du temps esseulée. J’étais sans voix, cet ours, ce selfie man. Tête hors manège, à moitié coincée, manquée, dans une relation double, tête loin de tout plus loin encore si m’approchant, corps vertical à l’équilibre à peine, taré du poids d’une tête lourde, le suicide récent d’un ami, des portes multiples fermées aux corridors de l’ombre, l’épaisseur d’âme en peau de chagrin.