vocis imago

auteur inconnu

Toujours, même la dernière personne au monde, quelqu’un se souvient, il y a des souvenirs, des images perdues dans des vues sans point fixe, des yeux sur les archives égarées de la dune. Quelqu’un se souvient et personne ne se souvient qui, lequel pensent-ils, n’existe pas. Personne ne veut, pourtant on se presse au portillon final, impatient, tendant l’oreille.

Par imagerie, fenêtre sur la façon dont le cerveau in fine « fabrique » les souvenirs.

éclipse

Après un moment il se leva, déporté d’avoir laissé passer le temps sans y être, la nuit, la pluie le soleil le vent, le ciel est immobile, longtemps. Comme encore être réveillé au milieu de sa vie. Sa propre mort ne changera évidemment rien à ce que tout autour continue. On imagine là-haut le silence, notre écran de fumée. L’agonie du monde continuera à n’être pas forcément perçue, la survie ne le peut. Son propre corps, son identité personnelle disparaîtra, et plus tard, lors d’une nuit identique à la sienne, le monde. Une fraction de seconde le soleil se voilera d’une ombre. Dès lors, à ces échelles de temps, il n’existe guère de différence, ni préséance, tout recommencera, le monde disparaît avec soi, approximativement.

 

Ulyssis Aldovandi ou la peau du blason

  [Illustrations de Ulyssis Aldovandi § Monstrorum historia] sur gallica.bnf.

« Quand on a à faire l’histoire d’un animal, inutile et impossible de choisir entre le métier de naturaliste et celui de compilateur: il faut recueillir dans une seule et même forme du savoir tout ce qui a été vu et entendu, tout ce qui a été raconté par la nature ou les hommes, par le langage du monde, des traditions ou des poètes. Connaître une bête, ou une plante, ou une chose quelconque de la terre, c’est recueillir l’épaisse couche des signes qui ont pu être déposés en elles ou sur elles; c’est retrouver aussi toutes les constellations de formes où ils prennent valeur de blason ». Michel Foucault, Les mots et les choses, p. 55.

Il n’y a pas si longtemps les sirènes chloroformées de la fin de l’histoire conviaient à nous trousser les uns les autres au Loto de l’Avenir, à nous sourire au beau miroir, y apposer par son achat la marque du baiser de nos lèvres éternelles. En sus, à gogo, un masque gratos. La fin de l’histoire aurait eu des portes tourniquets et nos mains baguées bien plus belles, hôtes de purs diamants. A suivre une mise la majorité perd, elle l’annonce, la précède, la constitue déjà, c’est embêtant, chancelant tout ça, la fin de l’histoire nous a vraiment dépassé – l’immatérialité des mille dieux de l’argent l’emporte, faveur naturelle des coffres forts, les chambres à gaz n’ont pas d’odeur, les icebergs se retournent où des palmiers s’érigent. Tu joues à faire des châteaux de sable d’étoiles soudées par la poussière de celles qui ne sont plus.

Giacinto Scelsi-Ave Maria & Alleluja for violoncello solo 

Gareth Davis & Frances Marie Uitti: Stained