C’est dehors qu’on peut nous trouver, dehors. Comme l’arc-en-ciel immatériel, notre âme jette une arche par-dessus la chute inexorable de notre existence. Nous ne possédons pas notre Moi. Il souffle sur nous de l’extérieur, nous fuit pour longtemps et nous revient dans un soupir. Il est vrai, c’est notre « Moi ». Le mot est une telle métaphore ! Des émotions reviennent qui autrefois déjà ont eu ici leur nid. Et d’ailleurs, est-ce que ce sont réellement elles de nouveau ? Elles ? N’est-ce pas plutôt seulement leur nichée qu’un obscur sentiment du pays natal a ramenée ici ? Il suffit. Quelque chose revient. Et ce quelque chose se rencontre en nous avec autre chose. Nous ne sommes pas plus qu’un pigeonnier. Hugo von Hofmannsthal, Lettre de lord Chandos et autres essais, L’entretien sur les poèmes, Gal. 1980. p. 104.