SANS SUITE 42 SWITZERLANDESQUE

 

Chaque fabrique s’humanise, possède son propre hymne, magnifie les traditions locales, entre dieu et loup une vie sociale de rat éclaire les allées.

Ce pays s’emploie à produire de la tradition vraie. L’ordre de ce pays ne supporte pas l’erreur, la fête commence et se finit de toute éternité à l’heure. 

Descendant des montagnes la vache regroupée en troupeau défile dans les vallées, les ondulations blanches de la croix blanche sur fond rouge procure ce frisson dans le dos.

Grand moment le même yodle à la fois à la télévision, sur les radios, dans les buvettes de montagnes ouvertes et puis fermées. Des histoires sur les animaux les territoires la terre la neige le soleil, sur l’identité accouchée entre idée de dieu et forges de l’aliénation. Sur le mur cette image le coq chante pattes jointes sur le soleil, le fumier fume, l’âne baille aux corneilles (rien ne le prédestinait à avoir cette tête), un nuage. Sur cette autre : l’otarie prend le soleil, le soleil nage. Rien ne distingue ces images des deux jeunes femmes qui se sourient (chacune d’elle éprouve son corps dans le regard de l’autre), de fertiles palabres au secours retiennent sur leur visage l’or éphémère du temps : à distance une recomposition muette couverte des reflets lumineux. 

Si ce n’était l’habit on confondrait le flic et le paysagiste ; une écologie sociale, la fonction sublimée.

Sept sages trônent, formule magique, famille rurale à son apogée habillée de défroques d’archevêque. 

Exotisme et aventure urbaine d’un spectacle de foire ouvert au petit jour où les visiteurs dans le petit train comme à la télévision. Empilement de souvenirs dans les églises à commencer par la douceur des éclats, cure de paix, suivre le programme, visiter par immersion l’exposition permanente de crèches de la nativité.

Foire citadine de la marchandise dans salle de sport où s’agglutinent des foules rentières par groupe en une virée annuelle à ne pas manquer dans la grande ville d’à côté. 

Musique d’ambiance et annonceurs bercent les temples de la consommation, un accent aux teintes florales avec cadence robotique. Les objets caressés des yeux les avalent.

À son apogée l’artiste contemporain local badigeonne de peintures colorées la façade rocheuse des montagnes au pied desquelles les invités se relaient chuchotant lors de débats interminables. 

Chacun y met du sien, tant d’effort, de conscience coupable, de postures à gommer les niveaux hiérarchiques, des libéralités en riens, en soumissions inventives, tout est flou, en zone réservée, ok  les ordres comme naturalités du monde. 

Confiance en soi, fierté légitime, la xénophobie est correcte, les prisons relativement confortables, si quelqu’un s’évade il ne va jamais loin. 

Simon Roberts, Gornergrat, Zermatt, 2016, «Unfamiliar Familiarities»

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