Je viens de corriger la version allemande des Syllogismes. Quelle fatigue ! Il y a tant de mauvaise humeur dans ce livre que ça en devient écœurant et intolérable. Avec quelle joie, après cet exercice suffocant, n’ai-je pas écouté la Messe que Scarlatti a composée l’année de sa mort ! On fait une œuvre avec de la passion, non avec de la neurasthénie ni même avec du sarcasme. Même une négation doit avoir quelque chose d’exaltant, quelque chose qui vous relève, qui vous aide, vous assiste. Mais ces Syllogismes, corrosifs en diable, c’est du vitriol, ce n’est pas de l’esprit. M. Cioran, Cahiers, Gal., p. 550.

un commentaire

  1. La première fois que j’ai lu quelque chose de Cioran c’était en 1989 à la mort de Beckett.

    Le journal Libération avait alors titré en une : « Beckett Fin ». Ils avaient imprimé entre autre un extrait d’ Exercices d’admiration.
    Beckett et Cioran étaient amis et ce dernier n’avait pas attendu la mort pour publier un exercice admirable et juste. L’un et l’autre m’ont ouvert des voies vertigineuses, co(s)miques à la lettre près, tout comme on peut marcher sur un fil en équilibre au dessus de l’abîme. C’est même Beckett qui m’a fait aimer et comprendre la peinture avec son fameux livre « Le monde et le pantalon ». Souvenirs pleins d’émotions et bouleversements en cascade… j’y ai repensé toute la journée…

    Comme beaucoup d’hommes je cherche la tendresse et ne la trouve pas – ou perle rare.

    En voici une pourtant parfaitement rimée qui plus est :
    Georges Moustaki
    LES MARCHANDS

    Il y avait des bois et des champs
    Les fruits poussaient spontanément
    Et les fleuves étaient transparents

    Avant que viennent les marchands

    La terre aimait bien ses enfants
    Et la nuit berçait les amants
    On faisait l’amour tendrement

    Avant que viennent les marchands

    On travaillait tout doucement
    On se reposait très souvent

    On allait en tapis volant
    Visiter les pays d’Orient
    Le désert était encore blanc

    Avant que viennent les marchands

    On était tous les fils du vent
    Et les chiens n’étaient pas méchants
    On pouvait rêver librement

    Avant que viennent les marchands

    On travaillait tout doucement
    On se reposait très souvent

    On vivait le reste du temps

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