L’extension de la prédation humaine avance sur des terres désertifiées. Vue à la lumière du jour, derrière l’épais hublot de l’avion, la terre semblerait paisible, le journal qu’on lit serait comme la page arrachée du calendrier, « ce qui doit être fait », « ce qu’on est », patience de l’azur, chair pauvre et rêveuse du corps céleste, poursuite du vent. Puis on passe à la nuit percée de circuits électriques, d’écailles gelées, l’avion s’engouffre dans un tunnel obscur, les réacteurs sifflent, nous nous posons. Plus furtif et imprévisible que l’animal ou la nature, l’homme se transporte où il rêve de ne plus s’échapper: le spectateur attend la lumière, qu’une foule reconnaisse en lui un vrai témoin, avant de se crever les yeux. Avons-nous toujours été aussi égarés ?