remonter les échos de souvenirs en morceaux, disjoints. se dire une centaine, assez pour susciter des combinaisons inédites. mais ce travail de composition épuise.
idéalement se donner le temps, avoir tout le temps et la patience de tirer et nouer les fils. sauver l’histoire d’une plus ancienne, remonter l’histoire de notre histoire. ce lointain, que des héritiers habiles incarnent ou interprètent, comment savoir, démontrent aux yeux de tous la vérité d’une fable — témoins vivants creux en dedans.
car c’est autant l’histoire que la dire, d’où ce débordement du langage, des gestes et des façons de faire, calmant les bavards de leurs terreurs solitaires.
ce besoin de passer le temps à parler, à dire ce qui se passe, se raconter. les mots comme unité de mesure du temps qui passe, ombres ou silhouettes, mesures de sa vitesse. sans quoi le temps sans mémoire est presque rien.
impossible de définir une histoire sans la prémonition d’une fin; déjà là avant d’avoir été trouvée, découverte (évidemment ce n’est pas la partie enfouie de l’histoire que seul un miracle pourrait révéler, quoique celle-ci soit un cauchemar).
aucune histoire passée n’est authentique, on s’en raconte. les traces qu’on porte en soi, en chauds organes, et puis surtout les histoires tout autour, humaines, techniques, politiques, naturelles, ce qui remonte à la surface, la colonise, l’extermine, etc. nous aimons pourtant les histoires uniques qui parlent à tous, panoramiques.
la vie éclairée au jeu des réminiscences, des ruminations sur le jugement dernier sous l’œil d’un chien exténué.






