Monter un pont, pierre par pierre toutes hissées du lit de la rivière. En dessous le soleil tape, la maladresse se dissout dans l’air amolli, le temps de s’attarder prospère, à midi le langage s’en va, à son chevet les paroles sont contredites.
Pendant la taille des pierres, se répéter ce qu’on dit pour conjurer le sort.
Ce caillou est descendu intacte des sommets. La caresse de la rivière en fait son sable. Les nuages traversent la montagne.
Le seuil est une ride d’éternel. Derrière la porte les ruines, autour d’elles le béton. Sur le seuil le sable, la terre, les feuilles, la pluie, la neige, la pierre.
Tendus vers une fin manquée toujours. Travail laborieux du scribe. Apprendre à couler, imaginer la mer. Seul le vent sur le visage.
Derrière elle la mer. Devant ses yeux la mer encore. Demi-lune dans les embruns.
D’épuisement ou par l’inanité de tout, arrive un peu de la douceur et de la fluidité du jour.
Pourtant même en plein brouillard le temps file si vite.
À tes oreilles souffle C’est le corps, c’est le corps … C’est l’amour, l’entravée, la parole
… Pont du Gard, on imagine le travail de Romains… 🙂