–« Il existe un tableau de Klee qui s’intitule Angelus Novus. Un ange y est représenté qui semble vouloir s’arracher à un spectacle qui le fascine. Il a les yeux écarquillés, la bouche béante, les ailes déployées. Tel doit apparaitre l’ange de l’histoire. Son visage est tourné vers le passé. Là où ne nous apparait à nous qu’une suite d’évènements, il voit lui, une unique catastrophe, amoncelant inlassablement les décombres et les projetant à ses pieds. Il voudrait un répit pour éveiller les morts, pour rassembler ce qui a été dispersé. Mais du paradis souffle une tempête. Elle s’est engouffrée dans ses ailes si violemment qu’il ne peut plus les refermer. Et sans répit elle le pousse vers cet avenir auquel il tourne le dos tandis que devant lui l’amas des décombres s’élève jusqu’au ciel. Cette tempête, c’est ce que nous nommons progrès. » Walter Benjamin, Sur le concept d’histoire, in Les Temps modernes numéro 25, Paris Octobre 1947
dans EN LISANT, Walter Benjamin