Comme sous une mer gazeuse vertigineuse la pluie précédait l’orage, le ciel épais bleu-gris très sombre, inamovible, tremblait à peine pendant que la tempête dévastait la forêt. La nuit (ou bien le jour) qu’au début nous nous attendions à voir tomber, tombait désormais continument, la vue fendue d’ombres. Nous habitions à la ceinture de contrées urbaines aux maisons à prix flambant neuf. Des milices protégeaient la vue imprenable des terrains vagues sur pleine lune opalescente. Étendus au sol quand le bruit s’éloignait nous retenions l’amour en consolantes nostalgies. C’était une fin du monde moderne et spacieuse que dieu gouvernait d’une armée de robots auto-engendrés. Bien nés mais trop tôt nous enviions déjà le bonheur des générations nouvelles, planquées les unes des autres, dispersées à vaquer parmi les ruines, anthropologues réanimant le monde évanoui.