«Nous donnons des noms faux à des choses vraies (…) Nous appelons petit ce qui est grand, grand ce qui est petit ; nous disons noir le blanc et blanc le noir. Nous appelons l’ombre la lumière et la lumière ombre. Nous disons coloré ce qui est mort et mort ce qui est coloré. Les noms et les désignations perdent leur contenu et leur sens. La situation est plus grave qu’à l’époque de la Tour de Babel. Les langues n’étaient encore que mêlées et l’un ne comprenait pas l’autre parce que chacun mettait un nom différent aux mêmes choses. Aujourd’hui au contraire tout le monde parle une même langue et c’est une langue fausse. (Joseph Roth « L’Antéchrist » (1934) Seuil — Cité in « Propos intempestifs sur le Tchouang-Tseu » Jean Lévi, éd. Allia)