Près du palais national lors des révoltes, Mexico, Manuel Ramos, ca. 1913« En tous les temps la guerre a toujours été entre hommes le sujet de conversation numéro un. La guerre est la poésie de l’homme avec laquelle, toute sa vie, il demande attention et soulagement. » Thomas Bernhard / La cave, Récits 1971-1982, p.152

(5 commentaires)

  1. À cet égard, j’aime beaucoup un passage du « Théâtre et son double », du grand (très grand, immense) Antonin Artaud :

    « Avoué ou non avoué, conscient ou inconscient, un état transcendant de vie, est au fond ce que le public recherche à travers l’amour, le crime, les drogues, la guerre ou l’insurrection. »

    Public ou humanité, notre temps aura su parfaitement les confondre. Qu’en pensez-vous ?

    1. quand j’avais vingt ans j’ai dévoré Artaud, et défié dans cette folie Artaud un directeur de théâtre qui ne jurait que par A. A, Ggrrrrr… le traître… ne me demandez pas pourquoi je n’en sais heureusement plus rien. Votre question a des échos Baudrillard. Le public confondu par un état d’hallucination collective aurait-il perdu la distinction fantasme / réel ? le désir est trop puissant dans nos vies pour avoir quoi que ce soit, dans ses actes (conatus), à gagner à les fondre : fini la transcendance facile et ses avantages égotistes, et le crime alors seul pour vengeance de sa perdition… ça semble pour le moins instable, même s’il est sûr que beaucoup s’affairent à accroître notre captivité. T. Bernhard reste toujours d’une grande humanité…

      1. Ma question visait le passage d’Artaud. Qu’en pensez-vous des mots d’Artaud ? « Public ou humanité » : dans le sens que les deux termes peuvent être interchangeables, de nos jours, dans le passage cité.

        Eh oui… Baudrillard, l’immense Jean, dont la pensée m’a accompagné depuis mes vingt ans, ne faisant que se confirmer au fil du temps, et que j’ai eu le plaisir inouï de connaître personnellement, ainsi que Marine, sa femme, à Tanger, en janvier 2004. Ce pataphysique convaincu m’envoya un mail après sa mort… Il n’y avait que lui pour en être capable !

        Quant à T. Bernhard… voici quelques lignes de Baudrillard, justement, extraites de son « Fragments. Cool Memories III 1991-1995 », au sujet de Bernhardt, et que je partage, oui :

        « Thomas Bernhardt. Pourquoi cet engouement pour une blasphémation molle, tout à fait à la mesure de la déflation molle de l’époque ? Sa haine de l’Autriche est elle aussi à la mesure du pays – provinciale. Sa parodie méchante de la remise des prix (Wittgenstein) est aussi lourde que la cérémonie elle-même. Son succès vient de ce qu’il partage sans vergogne toutes les caractéristiques de son époque, dont la complicité vulgaire avec l’objet qu’on dénonce ou qu’on parodie.
        Son cri ? Pauvre Büchner, pauvre Beckett, pauvre Joyce, pauvre Genêt ! Mesurez l’extraordinaire complaisance de ce saint Thomas dans le cri à l’autrichienne, dans le cri du Philistin. Le cri du fossoyeur rusé dans un opéra nécrophage.
        Son exil ? Il n’est pas du tout en exil de sa société. Il est typiquement le dénégateur et l’imprécateur de service d’une société grasse dont il suce l’énergie lourde pour la distiller dans un cri conventionnel – le vaudeville de la colère et de la haine. Il y a quelque chose en lui du théâtre de Boulevard et de Sacha Guitry. Il y a en lui tout simplement un imposteur. Et bien sûr l’engouement des adorateurs fait partie de l’imposture. »

        1. je crois vous avoir répondu comme j’ai pu sur la frontière public / humanité qui, malgré l’hégémonie machinique et morale des forces de massification, j’ose espérer, n’anéantit pas la nature singulière envers et contre tout de l’économie de la perception ; tout comme on peut se reposer sur l’effet papillon, imprévisible et palpitant, contre l’effet morose domino (le point le plus faible d’une pichenette engloutissant le puissant). Baudrillard, que je n’ai pas tout à fait oublié, est bien dur avec T. B, et même S. Guitry ne mérite pas complètement son fiel – humeur ? musicalité ? autre chose ? qu’importe, laissons leur âme en paix – les paysages de l’un et de l’autre se croisent peu même si le lecteur peut les franchir tour à tour, les seuls chemins qui vaillent ne menant nul part: j’ai vécu 5 ans en Suisse centrale Luthérienne et fascisante et la lecture de T. B fut une halte, un havre secourable, une fontaine de jouvence.

        2. Pardon, je n’avais pas bien saisi, donc. Merci de votre réponse.

          J’ai infiniment plus confiance dans vos capacités de lecture, dans votre « imagination créatrice » (de lecteur), que dans celle de Bernhard, en tant qu’écrivain. N’est pas génie qui le veut…

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