« D’abord j’ai représenté à cent pour cent une tragédie, puis une comédie, puis encore une tragédie ; ensuite la pièce s’est mélangée, on ne peut plus discerner si c’est une tragédie ou une comédie. Cela déconcerte les spectateurs. Ils m’ont applaudi, maintenant ils le regrettent. Nous sommes toujours en avant de nous-mêmes et nous ne savons pas si nous devons applaudir ou non. Notre état d’esprit est imprévisible. Nous sommes tout et rien. Exactement au milieu, nous irons par le fond sans aucun doute, plus ou moins tard. Tout le reste est affirmation d’abruti. Au sens le plus vrai du terme, nous sommes sortis du théâtre. La nature est le théâtre en soi. Sur la scène de cette nature, le théâtre en soi, les hommes sont les comédiens, des comédiens dont il n’y a plus grand-chose à attendre. » Thomas Bernhard, La cave. Récits 1971-1982, p. 201.
dans EN LISANT, Thomas Bernhard