La chanson que chantait la petite paraissait être d’un genre tout à fait joyeux et heureux. Les notes retentissaient comme le bonheur lui-même, le jeune et innocent bonheur de vivre et d’aimer ; elles s’élançaient, comme des figures d’anges aux ailes allègres immaculées comme la neige, vers le ciel bleu, d’où elles paraissaient ensuite retomber pour mourir en souriant. Cela ressemblait à une mort de chagrin, à une mort causée peut-être par une joie trop grande, à un excès de bonheur dans l’amour et la vie, à une impossibilité de vivre à force de se représenter la vie avec trop de richesse, de beauté et de délicatesse, si bien qu’en quelque sorte l’idée subtile et débordante d’amour et de bonheur qui venait envahir l’existence avec exubérance semblait trébucher, basculer et s’effondrer sur elle-même. — Robert Walser, Seeland, La promenade, p 49, Zoé.
Catégorie : Nicolas Jaar
___________ #4
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ne savons rien faire plus parfaitement qu’ouvrir et fermer les yeux
maintenir un minimum d’attention, la densité d’une ombre
la nuit cette fois avait avancée, nous n’étions plus là au matin, la nuit nous avait pris.
encore
de la nuit, le silence infidèle, la lumière n’abolit aucune ombre, les étoiles nous dépeuplent

