Ce matin la météo signalait un défilement de nuages, un temps d’orage puis, de faibles averses, des courtes éclaircies, des vents forts et pluies en rafales — jusqu’au soir, puis calme et douceur. La radio n’avait pas prévu une succession et un ménage de cieux déferlants si mal agencés. Surpris comme tout le monde, nous nous regardions en chiens de faïence tirant têtus des humeurs noires sous cette pluie lourde et froide qui se répétait entre chaque orage apprécié quand on croyait de loin l’éclaircie, ses éclairs de nuit rageuse — tu as vu partir en aquaplaning deux voitures qui t’avaient dépassé et tu te demandes pas comment tu as fait pour traverser entre les débris qui volaient, glissaient sur l’eau, tu te souviens pas de tes pneus trop lisses. Mais le soir il faisait beau, beau et froid, du banc on voyait sur un panneau indiquée la présence d’un magasin monastique, de petits panneaux blancs plantés au sol fléchaient le chemin sous des arbres centenaires parmi les petits cailloux blancs de toute éternité, petit morceau de paradis entêtant qui se passerait bien des hommes. Il pensa aussi qu’une histoire telle le ciel d’un jour, arrive là, ou ailleurs, comme le vent : l’histoire est un grand râteau édenté manié par un bourreau au nez rouge.
