Lorsque ma vie passait quelques tunnels obscurs je revenais souvent épier en pensée ce lieu continuellement retiré et silencieux où je n’avais jamais été. Plusieurs nuits s’étant rendues, la distance fut franchie, je relevais la tête; le lieu m’était méconnaissable, quoique certains éléments anodins d’arrière-plan, comme flous dans la mémoire, le désignaient lui assurément, mais par intermittence. Un brouhaha lointain régnait et j’entrepris mes jours à explorer les alentours pour remonter sa source. Passant du silence au brouhaha au silence je dormais beaucoup je ne sais où et m’égarais. Je laissais mes pensées se délier sans m’y interposer, interrompues par une alarme, persévérant sur d’infranchissables et ridicules obstacles. Je continuais très secoué en tous sens, ressaisi au sol, tiré lentement en arrière. Un peu plus loin tout le jour la lumière restait uniforme, un pays où on ne sait jamais l’heure quand on se réveille ni ce qui est neuf ou passé ni quand s’arrête l’interminable voyage.