Chaque génération ressent les modes de celle qui l’a immédiatement précédée comme l’anti-aphrodisiaque le plus radical qui se puisse imaginer. En portant ce jugement , elle ne se fourvoie pas autant qu’on pourrait le supposer. Toute mode contient en germe une satire amère de l’amour, et les perversions les plus brutales qui soient. Toute mode est en conflit avec l’organique. Toute mode est l’entremetteuse qui accouple le corps vivant au monde anorganique. La mode fait valoir les droits du cadavre sur le vivant. Son principe vital est le fétichisme, qui succombe au sex-appeal de l’anorganique.
(Walter Benjamin, Baudelaire, éd. La Fabrique, p. 422)