les refuges prennent naissance dans le corps et dans ce que le ciel couvre, n’éclaire pas, les retraits se tiennent au creux des nœuds, nous dessinons dans les feuilles mortes – ces distinctions n’existent que pour le sage ou la vaste et superbe ignorance des nuages. les mots n’y sonnent pas, notre chemin est de sciure, ne marque pas d’empreinte, la pluie console, suspend le passé, chuchote l’irréel.
les refuges du secours n’ont pas de porte, n’ont pas de rendez-vous, les refuges aiment les chanceux, brûlent les préavis. les refuges n’acceptent qu’une personne à la fois, ils ne comptent pas le temps, les refuges sont des mères porteuses, les refuges abritent des coucous, les refuges sont loin des routes, leur nuit inutile n’indique aucun futur aux satellites.
les refuges n’ont pas besoin de colonnes ni de jet d’eau. Les refuges ont de précieux le peu. les refuges privent de voix, les refuges charrient des tonnes de pierres dans une boule d’argile.
les refuges voyagent sur une île flottante, des forteresses sur les dunes, la mer au ciel d’un seul tenant, des bateaux débarquent les sirènes d’une nuit.
des villes dont on ne franchissait pas les portes. les refuges ont des ombres profondes, les intempéries couchent sur tes épaules un manteau d’une tonne, les refuges ont quelque part du bois à brûler.
traverser la forêt, les sentes circulaires sans tracé. retours à la nuit des friches sans lune.
les refuges refermés sur la nuit expulsent des galeries d’épaves. les labyrinthes élevés sont vidés au matin, les refuges verticaux étranglent leurs proies.
les refuges ont des pierres de toutes natures, en tous leurs états. dans les petites tâches, remplir la journée, au bout dormir dans les inondations. ou se foutre l’aujourd’hui au veau d’or croqué à pleines dents le futur.
les refuges s’arrêtent dans des gares désaffectées que les trains dépassent, où meurent le vent et les tremblements de ferrailles du béton.
les refuges sont doux au triste sire, mais le tue s’il ne relève pas la tête, ne se remue pas. le vent, le clair-obscur, les sons s’improvisent venus des plateaux où s’allongent étoiles et soleil.