Les entités fantômes sont planquées à l’angle le plus sombre, derrière le tronc noir de pluie, dans l’air échu qui redouble et ne décolle pas des bains de foule – elles épousent la matière, comme l’eau le sable, dormant dans l’or de la couronne, bien planquées, gardiennes d’horreur à ne pas réveiller, aux trousses de ta peur. Ne reste pas soucieux à traquer leurs présences, te cognant aux troncs que tu ne vois plus. Pour détourner l’appétit des fantômes on parlera du sac qui pend gorgé d’argile et d’eau, un gros sac de jute, ou on désignera les armoires, d’étoffes pliées empilées, serrées aux ombres, aux teintes immaculées, on surprendra les silences animaux, on se rappellera les gémissements humains des glissements de terrain, on gardera un espoir sans mot au milieu de la violence, on désertera les troupes, les temps définitifs. On les verra sortir des affaissements, essoufflés, à l’écart, ou disparaître dans les ruptures soudaines de cavités – au dessus d’eux la joie est trop vive, la douleur très calme. Parfois la paix surgira, douce et lente, au détour d’un angle mort où, sans s’attarder, on surprendra l’un d’eux, ivre et frissonnant réjoui, arque bouté sur des idoles passées et à venir – cette énigme inconcevable du sacrifice dont ils sont auteurs.
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Dandy à qui la cour des fantômes fait tendre l’oreille. Un appât pris dans leur filet, qui aspire les femmes.