Walser, inlassable jardinier du désert philosophique, dormant l’été, buvant au feu du regard la neige d’hiver, à la nuit décomptant plutôt que du mouton les corbeaux déteints dans les flocons des jours.
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Face à son être merveilleux
ne soyons pas révérencieux,
surtout, n’en faisons aucun cas,
sinon lui-même ne s’y retrouve pas,
devient bizarre et tout grincheux,
il suffit de lui dire ; « viens-ça ! »,
et là-dessus, hop, le voilà !
Mais lui réserve-t-on caresses, chatteries,
Il devient chat qui griffe,
s’arrête et se rebiffe.
Si on le dresse avec rouerie,
Et le traite comme un toutou,
quel bonheur il affiche, tout
rond et rubicond de joie
corps et âme il déploie.
Si l’on voyait toutes ses humeurs,
on resterait frappé de stupeur.
À peine croit-on l’amour idéal,
qu’il devient supplice infernal,
bref, en gros, on peut bien penser
qu’il a du plaisir à danser,
car ce qui le distingue le mieux
remonte au temps des aïeux,
surtout ne fais jamais son éloge,
sinon, sois-en sûr, il déloge,
ne lui demande rien, il sera là, pas loin.
Robert Walser, l’écriture miniature, microgramme 117, P. 49 Zoé
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» Il me plaît de comparer mes petites proses à de petites danseuses qui dansent jusqu’à ce qu’elles soient totalement usées et s’écroulent de fatigue « .
Stray Ghost – Music for Robert Walser
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