
Passer malheureusement son temps à établir le temps qu’il ne voit pas passer. Décomposer à présent ce qu’il a pu observer devant lui. Saisir un équivalent de ce qu’il n’avait su voir. Devant lui reste la traîne de l’événement. Il s’arrête sur ce temps de retard pris. L’évidence comme le nez au milieu du visage lui explose à la face, elle sera autre la prochaine fois, tu ne sauras mieux voir. Une vie en direct de ce que nous projetons, pendant que le présent semble se réaliser d’un différé, comme un vide entre deux.
Durant le voyage les pensées qui surviennent sont le terme et l’éclaircie d’un écoulement. Sans avenir elles se recueillent pour ce qu’elles sont. En elles le présent et les rêves s’aiment. S’il s’agit d’une chasse d’où on revient bredouille, les terres traversées hier seront demain lieu d’une tuerie. Aucune mémoire n’y a pris part, rien ne s’y est inséré, rien ne s’y est renouvelé. Aux marges du paradis les insomniaques égarés butent sur des clochards allongés dans leurs rêves nerveux, maladroits.