dire plus

 

« L’écrivain, c’est sa fonction, dit toujours plus qu’il n’a à dire: il dilate sa pensée et la recouvre de mots. Seuls subsistent d’une oeuvre deux ou trois moments: des éclairs dans du fatras. Vous dirais-je le fond de ma pensée? Tout mot est un mot de trop. Il s’agit pourtant d’écrire: écrivons…, dupons-nous les uns les autres ».         E.Cioran, La Tentation d’exister.

« Point de salut, sinon dans l’imitation du silence. Mais notre loquacité est prénatale. Race de phraseurs, de spermatozoïdes verbeux, nous sommes chimiquement liés au Mot ». E. Cioran, La Tentation d’exister.

 

(4 commentaires)

  1. Le paradoxe de Cioran est qu’il aura passé sa vie à se demander, dans ses livres, « à quoi bon écrire » et dans sa vie : « à quoi bon vivre ? » – sans aller quand même jusqu’a suicide… 🙂

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    1. Cioran, médecin malgré lui… à la « paresse rédemptrice » disait Perros…
      « Tout ce que j’ai écrit est le produit du cafard. Mais je ne vis pas toujours dans le cafard, donc mes écrits ne donnent qu’une image incomplète de ce que je suis. J’ai dépensé ma gaieté dans la vie, dans les conversations ; il n’en est pas resté pour mes livres : je leur ai réservé tout le fiel que je possède. Je ne peux écrire que sous la pression de mes humeurs noires ; elles diminuent dès que j’en extrais quelque formule. Il ne s’agit dans mon cas, ni de philosophie, ni de littérature, mais, tout simplement, de thérapeutique. » (Cioran, Cahiers).
      Cioran jugeait le suicide en fin de compte inélégant, trois mesures de Bach comme catharsis. Son maître Léon Chestov répondrait « La philosophie ne commence pas lorsque l’homme trouve le critère incontestable de la vérité. Au contraire, la philosophie ne commence que lorsque l’homme perd tous les critères de la vérité, qu’il sent qu’il ne peut y avoir nul critère et qu’on n’en a même pas besoin ».

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  2. «sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence» dit Wittgenstein dans Le Tractatus logico-philosophicus , c’est je pense être la même idée Chez Cioran, le mot ne recouvre rien de la réalité qu’il nomme.
    Idée présente Chez Héraclite: « απείροισι έοίκασι. πει,ρώμενοί και επεων καί ’έργων τοιούτων » « Que celui-là garde le silence et
    s’écarte de nous, qui n’a pas l’expérience de ces paroles et dont la
    pensée n’est point pure » L’erreur naît du jugement et le jugement naît dans les mots.

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