sans suite VI

Accroché au roulis de la vie courante, écarté, troué (comme si n’exister que par moments). Le corps se serait contenté d’être algue, d’un infime balancement au flux du prélassement. D’être lâché, dans l’air plongé, des mousses proliférantes, des mains d’aveugle lisant les fossiles

Par bonheur par hasard au pire moment tu attrapes dans un angle une théorie, ton parachute s’ouvre: quelques formes quelques couleurs se stabilisent, se meuvent sans que tu aies à bouger. La brillance s’estompe en ombre solide. Tu ramènes quelques trucs et continue le bavardage

Pas vu entrer, mais là, conscience dans l’estomac d’une vache, un crocodile se débat au fond d’un puits d’argile, pas vu sortir encore jamais

Sur ses pieds de cristal deux pattes de taureaux poussent, un troupeau court juste à coté.

D’un coté le cœur se vide et le corps se noie

Qui je suis ? Ce pourrait être tout le monde. Il se trouve même qu’à cette heure un sosie soit à tout autre chose, qu’importe, ou il y a des siècles, comme tout le monde

Voyager à la vitesse-lumière, rencontrer son sosie, savoir tout de lui (et en rien plus avancé) perdre le temps gagné, gavé, déçu, exhorter les explorateurs à se planquer dans les galeries

À la fenêtre un corbeau passe et regarde la ville, l’air pèse tout son poids

Torrent, vent, bruissement de riens, cages, tuyaux, engins, n’importe quoi, tout noir : messe-basse avec le grand petit être originel

Cadre d’un miroir orné de précipices, d’étoiles, de soleil, la lumière est éteinte

Folie de s’expliquer, laisse filer les cadavres, respire, attend la pluie

M’échauffant vraiment, puis soudain juste à temps à l’arrêt, étonné de me percevoir très loin, faiblement mais très distinctement, à l’écart, déchaîné gueulant pour de bon. Ici je reprends mes esprits, personne n’a remarqué, j’attends à la prochaine intersection

Entre deux choses se noyer dans d’autres petites choses, ne pas en finir, remâcher, marcher, se désarticuler. Se réveiller un bout ailleurs, à contre-pied. Quel corps aura ce jour, la nuit pèse t-elle, sera t-elle douce ?

Cette nuit a glissé sur mon visage. Depuis ce matin chaque heure est la même, la buée s’est formée aux fenêtres, il neige

Les camps portent tous un chiffre. La loi change chaque jour, même les rats ne peuvent pas sortir

Arrivée du typhon, Taiwan, comté de Pingtung (verger)| © Jan Vranovsky 2015

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