Ils sont là, six, par hasard, rassurés d’être ensemble, placés suffisamment isolés les uns des autres, silencieux, recueillis comme des pierres, amarrés à leur isolement, ça semble tenir quand même.
Lui, de face, pleine face, c’est deux profils se découpent. De temps à autre il cherche dans les yeux de l’autre qui peut-il bien être. Impossible de détacher l’un du deux, l’effort redouble l’impossibilité, la distance est le champs de bataille. Dans cette image telle et telle partie d’autres images, de file en aiguille elle ne ressemble à rien, tentative de reconnaissance revenant pulvérisée à son point de départ.
Un pas encore, faire perdurer l’ennui, la vie ne tient qu’à ça, d’alléger, se glisser dans les creux, les frontières se resserrent. Il s’invente, ça part dans tous les sens dans un monde flottant où il n’est jamais rentré, où on l’a toujours sorti, chaque avancée s’avère être une dette. Avec lui surtout ne pas parler ne pas interrompre ne pas réfléchir, rester attentif, ne pas comprendre, le chien perdu, son rêve est mort. Attendre que coule l’eau sous le petit pont, franchir le petit pont, d’un pas hésitant, sa déambulation lente, un algèbre compliqué, ou c’est le sol qui se dérobe.