Ordinairement on sait que les rêves sont des rêves, qu’ils s’effacent dès l’éveil. Les limbes laissent des traces inutiles, des empreintes sur la buée du miroir, les yeux ouverts se réjouissent de quitter leur cocon et d’abandonner leur visée prédatrice, le corps récupère ses bras, retrouve la verticale pesanteur, s’accroche.
Le rêve de cette nuit me revient et m’échappe quand je remonte la trame, ceci plusieurs fois dans la journée depuis mon réveil, perdant chaque fois plus d’images, de jointures aux actions. Ce que je sais c’est que mon père (décédé depuis 4 ans) m’est apparu et l’un et l’autre si heureux que la surprise, plutôt que de provoquer la stupeur, eut par effet domino de confirmer en faits sa résurrection: ce qui est vu senti rapporté de ce qui l’anime ou dit annonce d’évidence que le temps du mourir est fini. Il y a des rêves si confiants que tout ce qui arrive d’imprévisible promet et réalise leur fin heureuse. Ils épousent une logique nouvelle, un enfantement du miracle par sauts successifs dans le noir.
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