Vague 1 (covidblues)

La COVID emballe le moteur du procrastinateur. Elle occupe le centre, le rend inconsistant, troue le relief, enfonce les frontières, me détourne de mes petites occupations dans mon monde qui n’existe pas, dont les replis se voient privés de creux. Une coulée lisse couvre ce qui faisaient le lit de mon inclination quotidienne. Les failles sont désormais assiégées.
Chacun porte son virus. Il aimerait vivre longtemps en nous, nous aimerions vivre comme nous comme avant, même avant en pire, avec la même inconscience. Chaque jour qui passe le virus répond à côté des questions, les miennes se révèlent inutiles. Insistant les plans anciens tournent au ralenti, à moitié à l’envers. Il est difficile de parler de ce virus, nous ne parlons pas à son propos de la même chose, les soucis ne sont pas les mêmes.

J’ai la tête un peu vide et fermée et m’occupe à semer des choux de Bruxelles, mes voisins ermites sous leur toit de mousse jubilent, leurs yeux brillent de la COVID à laquelle ils ne croient pas. Sautant du coq à l’âne on se perd un peu pour demander ou dire quelque chose, sans voyage on accroit les échanges, à parler confinement, traçage, s’en remettre aux technologies afin de guider vers la délivrance, d’accroitre la dépendance. Revenir au point de départ car le désert s’avance, partir, se retirer dans le voyage confiné, ne plus s’en sortir.

J’en reviens toujours à ce point, et celui-là n’avance pas, c’est, de quelque côté où tu te tournes, ce point d’inertie, d’impossibilité à deviner si quelque chose avançait dans l’horizon d’une méduse, ce qu’on a dans la tête la méduse s’en défend. Ses déplacements sont erratiques, elle a tout son temps.
Ce qui avait eu lieu le matin se rappelle le soir comme si cela avait eu lieu hier.

Par bonne volonté, appelé à empêcher son débarquement je m’étais précipité à la sortie scruter au plus loin jusqu’au dernier passager. Le dernier passager ne se présenta pas.
Les jours du début se sont ressemblé, nous formions une communauté contrainte, entre des jours blancs la nuit passait très vite comme une parenthèse vide traversée de cauchemars dont la virulence s’est éteinte, aspirant à la tranquillité du grand air.

Ici on respire mieux, un grand vide s’est créé dans la pièce pourtant plus petite, des ombres planent comme d’un test de Rorschach sur la tête d’un Janus perplexe. On ferme la fenêtre pour avoir moins de vent levant l’oeil sur l’horloge qui sonne quatre coups creux, le son est mat, l’écart passé-futur réduit à peau de chagrin.

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