Il parcourt le désordre des archives, son territoire l’encombre, parmi des lignes d’erre il rassemble les éclats d’un terne puzzle. Le lieu où s’avance l’historien est vertigineux, devant le pont il voit ce qui a disparu, le pont a disparu. Plus tard lui-même s’écroule de fatigue dans son fauteuil. Au bout de la nuit il y a un point, c’est une montagne de ciels qu’il faut remonter, disparaître dans la montagne de ciels.
Quand il rêve il y a ce mur, au pied du mur et au-dessus sa ligne à perte de vue, assez large pour y poser un avion, y passer des voitures, des trains. Le désert qui précède l’entrée est si vaste qu’on y croise pas une âme. Il reste dans l’angle du mur jusqu’à ne plus le voir, il s’y engage alors, la crête tient force de hauteur, son regard s’absente, ignore ceux qui reviennent ou arrivent, comment savoir, les mots ont pris le vent, inaudibles, serrés, prêts au silence.