Quand le Baal Shem avait une tâche difficile devant lui, il allait à certaine place dans les bois, allumait un feu et méditait en prière, et ce qu’il avait décidé d’accomplir fut fait. Quand, une génération plus tard, le « Maggid » de Meseritz se trouva en face de la même tâche, il alla à la même place dans les bois et dit : Nous ne pouvons plus allumer le feu, mais nous pouvons encore dire les prières – et ce qu’il désirait faire devint la réalité. De nouveau une génération plus tard, Rabbi Mosche Leib de sassov eut à accomplir cette même tâche. Et lui aussi alla dans les bois et dit : Nous ne pouvons plus allumer un feu et nous ne connaissons plus les méditations secrètes qui appartiennent à la prière, mais nous savons dans les bois où cela s’est passé, ce doit être suffisant ; et cela suffit. Mais quand une autre génération fut passée et que Rabbi Israël de Rishin, invité à accomplir la même tâche, s’assit sur son fauteuil doré dans son château, il dit : Nous ne pouvons plus allumer le feu, nous ne pouvons plus dire les prières, nous ne savons plus la place mais nous pouvons raconter l’histoire de comment cela s’est fait. Et encore une fois cela suffit. Gershom Scholem, les grands courants de la mystique juive (1941), « petite Bibl. Payot » 2014, p 505-506.