le crottin du discours

« La vanité d’attribuer à la philosophie, et aux propos des intellectuels, des effets aussi immenses qu’immédiats me paraît constituer l’exemple par excellence de ce que Schopenhauer appelait « le comique pédant », entendant par là le ridicule que l’on encourt lorsqu’on accomplit une action qui n’est pas comprise dans son concept, tel que le cheval de théâtre qui ferait du crottin. Or s’il y a des choses que nos philosophes, « modernes » ou « post-modernes », ont en commun par-delà les conflits qui les opposent, c’est cet excès de confiance dans les pouvoirs du discours. Illusion typique du lector, qui peut tenir le commentaire académique pour un acte politique ou la critique des textes pour un fait de résistance, et vivre les révolutions dans l’ordre des mots comme des révolutions dans l’ordre des choses. »
Pierre Bourdieu. Méditations Pascaliennes, Paris, Le Seuil, coll. Liber, 1997, p.10

(2 commentaires)

  1. Un certain nombre de contes (notamment arabes) évoquent ces êtres malades (lépreux) ou difformes qui par ruse prennent le pouvoir (notamment avec l’aide de ce qui, comme la fronde de David touche à distance, l’adversaire à la tête/l’esprit : la parole.)

    (REM : J’aime beaucoup cette machine qui fait l’autruche)

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