Globe à l’ombre des rayons, sous de perpétuels bons auspices, l’océan perpétuel tourne tourne — objets sciences de nos soucis durs émargent de stables répliques, produisent les contrôles, les doutes éduquent les sages décisions, réparent les montres Dali, embaument le glissement des secondes dans un miroir de jade — anticipent le bonheur promis.
Vincent découvre d’Hiroschige, Hokusai et Reisei, que l’homme est une fleur, il aime partir, il est encore à Anvers, essaye tant bien que mal de faire le point, entre Jésus et La Sociale. Deux ans à Paris, la solide et raide fée absinthe par mansuétude l’en chasse. Des ponts, du Japon, Vincent s’est arrêté à Arles, s’empresse de prévenir Émile Bernard: « Comme j’ai promis de t’écrire, je vais commencer par te dire que cette région me paraît aussi belle que le Japon par la luminosité de l’air et le joyeux effet des couleurs ». Toujours très seul, un peu de Grèce dans la tête, pas de celle où les allemands se voient voler leurs vacances par les dits « clandestins » déportés aux clubs Méd’.
«Faut-il dire la vérité et y ajouter que les zouaves, les bordels, les adorables petites arlésiennes qui s’en vont faire leur première communion, le prêtre en surplis qui ressemble à un rhinocéros dangereux, les buveurs d’absinthe, me paraissent aussi des êtres d’un autre monde. C’est pas pour dire que je me sentirais chez moi dans un monde artistique mais c’est pour dire que j’aime mieux me blaguer que de me sentir seul. Et il me semble que je me sentirais triste si je ne prenais pas toutes choses par le côté blague. » (Lettre 588 à Theo, 21 ou 22 mars 1888).
« J’aurai terriblement besoin du père Pangloss lorsqu’il va naturellement m’arriver de redevenir amoureux. L’alcool et le tabac ont enfin cela de bon ou de mauvais – c’est un peu relatif cela – que ce sont des anti aphrodisiaques faudrait-il nommer cela je crois- Pas toujours méprisables dans l’exercice des beaux arts. Enfin là sera l’épreuve où il faudra ne pas oublier de blaguer tout à fait. Car la vertu et la sobriété, je ne le crains que trop, me mènerait encore dans ces parages-là où d’habitude je perds très vite complètement la boussole et où cette fois-ci je dois essayer d’avoir moins de passion et plus de bonhomie. » (Lettre 768 à Theo, 3 mai 1889)
Merci pour tes textes et illustrations. C’ est une belle compagnie.
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Salut Guy Frank, compagnie oui, pour moi aussi, dans cette ambiance post République de Weimar. Je viens de lire ça, Walter Benjamin : Sens unique (1928):
« VI. Aux yeux de l’étranger qui observe superficiellement la forme extérieure de la vie allemande, et qui a même voyagé un bref moment dans le pays, les habitants de celui-ci apparaissent tout aussi bizarre qu’une race exotique. Un spirituel Français a dit : « Dans les cas les plus rares un Allemand saura lui-même qui il est. S’il sait qui il est, il ne le dira pas. S’il le dit, il ne se fera pas comprendre. » La guerre seule, avec les forfaits réels et légendaires qu’on attribua à l’Allemagne, n’a peut-être pas suffi à agrandir cette distance désespérante. Ce qui achève davantage maintenant l’isolement grotesque de l’Allemagne aux yeux des autres Européens, ce qui, au fond, éveille en eux l’idée qu’ils ont affaire à des Hottentots (comme on l’a dit très justement à propos des Allemands), c’est la violence tout à fait incompréhensible pour les spectateurs, et totalement inconsciente pour ceux qui en sont prisonniers, avec laquelle les conditions de vie, la misère et la sottise assujettissent les hommes, sur cette scène, aux forces de la communauté, comme seule la vie de quelque primitif peut être soumise aux règles du clan. Le plus européen de tous les biens, cette ironie plus ou moins nette avec laquelle la vie de l’individu prétend se dérouler sur un autre plan que l’existence de la communauté, quelle qu’elle soit, dans laquelle elle se trouve jetée, est un bien que les Allemands ont tout à fait perdu. » (Traduction de Jean Lacoste) — A bientôt!
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